Souvenirs de Sidi-bel-Abbès
Henri Lavina : les sardines de Sidi-bel-Abbès 1/2
Comme dit l'autre, ce n'est pas parce qu'on n'est pas écrivain ...
Aujourd'hui exception : j'écris parce que c'est la fête des grands-mères...Dieu sait si elles comptaient pour nous.
Lettre à ma grand-mère
Bel-Abbès Hiver 55
Ta sieste s'éternisait, vers 16h. Maman inquiète est entrée dans ta chambre et t'a trouvée inanimée.
Pour autant que je m'en souvienne, de ma chambre voisine, je l'ai entendu dire
-ma parole, elle est morte !
Le reste est confus comme mon cerveau soudain paralysé
Oui, il y eut aussi un cri
-Robert !
et la voix de Pépère
-c'est la fin ! faut mettre de l'ordre !
J'avais onze ans et je n'avais jamais vu de mort...Maman a entr'ouvert les volets, c'est après seulement que j'ai osé un regard ; je me souviens de la paleur de ton visage et de tes lêvres pincées, on aurait dit que tu dormais. C'était donc ça la mort
On marchait à pas feutrés, on s'asseyait à côté de toi, on parlait à voix basse, jusqu'au moment ou dans l'entrée blanche de lumière le docteur Poinçon est apparu. Pourquoi est-il allé d'abord se laver longuement les mains dans la salle de bain ? je n'en sais rien , drôle d'idée ! ça traînait, ça traînait puis il a franchi les quelques mètres qui le séparait de ta chambre et là tout s'est accéléré.
Je ne sais plus par qui et dans quel ordre ces mots ont été été prononcés :
malaise, attendre, rien à faire, réveiller, réaction aux médicaments, patience, tout va bien...
Oui, incroyable, Memico tu n'étais pas morte !

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